Selon la Fondation pour la Recherche sur le Cancer, environ 400 000 cas de cancer sont diagnostiqués chaque année en France. Là aussi, la Mission Handicap du CA IDF est là pour accompagner le salarié touché tout au long de son parcours et mettre en place les aménagements qui lui seront sans doute nécessaires comme, par exemple, une reprise à temps partiel.
A l’occasion de Mars Bleu, événement national de promotion du dépistage colorectal auquel le CA IDF s’associe cette année encore, Handivoice a souhaité traiter un aspect de la maladie : l’impact de la maladie sur la vie professionnelle du collaborateur touché.De nombreuses questions se posent : “De quelle manière aborder le sujet avec sa hiérarchie et ses collègues ?” “Quel comportement adopter en tant que collègue ?” “Comment se déroule le retour au travail ?”
Colette LECORDIER, Responsable Recrutement, Gestion RH et mobilités a été touchée par un cancer en 2015. Elle a bien voulu répondre aux questions de HandiVoice et nous proposer un éclairage à partir de sa propre expérience.
Simplicité et transparence
Le diagnostic est tombé la veille d’un important séminaire. Mon médecin a planifié un examen d’urgence et j’allais donc être absente. J’ai appelé mon Responsable en lui expliquant la situation. Sa réaction fut immédiate “Tu t’arrêtes, tu prends le temps qu’il te faut”. A l’époque, j’avais 15 agences sous ma responsabilité. J’ai prévenu mes équipes, en toute transparence. Je pense que j’ai bien fait : elles ont pu s’organiser en connaissance de cause, éviter de se poser des questions. Et puis, le cancer fait malheureusement partie des aléas de la vie. Il faut en parler sans tabou et sans culpabilité.
La bienveillance de tous m’a vraiment aidée
Entre le diagnostic et le début des soins, j’ai eu un peu le temps d’organiser le travail. Comme j’ai toujours laissé beaucoup d’autonomie à mes équipes, elles savaient quoi faire. Chacun a pris une partie de mes tâches pendant mes 3 mois d’absence. Mes équipes actuelles et anciennes, mes pairs et mes responsables ont été incroyablement bienveillants. Ils sont toujours restés en contact, pour demander de mes nouvelles.
Je n’aurais jamais imaginé qu’il me faudrait 6 mois pour récupérer.
Depuis le diagnostic, je crois que je n’ai jamais vraiment réalisé la gravité de la situation. Je savais que ça allait être long, mais la maladie était prise à temps. Je reviendrais soignée et en forme. Pour moi, c’était un gros et long rhume. Pourtant, les réactions de mes amis et collègues indiquaient que c’était un peu plus sérieux. J’aurais peut-être dû prêter plus d’attention au conseil du médecin traitant qui m’a proposé un temps partiel thérapeutique lorsque je suis rentrée. Mais il n’en n’était pas question. Je voulais être là, décharger mes équipes qui avaient admirablement gérer les choses pendant mon absence. Mon chef – toujours bienveillant – me laissait travailler 2 jours par semaine depuis chez moi.
J’ai repris le travail 2 semaines avant mes vacances d’été… Je n’imaginais pas que la reprise serait aussi fatigante et qu’il me faudrait 6 bons mois pour récupérer complètement. L’inactivité, la maladie et les traitements mettent votre corps à rude épreuve, sans que l’on ne s’en rende compte.
Quels enseignements en retirer ?
J’ai bien fait d’être transparente. Cela a considérablement simplifié les choses. Si je devais revivre l’expérience, je ne changerais presque rien… Mais j’écouterais peut-être davantage mon corps.
Avec le recul, je pense que le retour doit être progressif. C’est compliqué de passer de l’inactivité à une productivité maximale… ou de se retrouver au milieu de tous vos collègues à l’occasion d’un pot de retour surprise. L’attention est adorable, mais je pense que l’on n’est pas prêt. Si demain, une personne de mon équipe se retrouvait dans cette situation, je pense que je lui demanderais simplement s’il souhaite que l’on organise quelque chose. Là aussi, le dialogue et la bienveillance doivent primer.