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Interview d’Eric Michel, référent handicap au sein de la Direction Régionale de Versailles

Référent handicap au sein de la Direction Régionale de Versailles, Éric Michel connaît aussi bien le CA IDF que le handicap. Il partage ses expériences pour HandiVoice.

eric michelÉric, vous avez à la fois une solide expérience du CADIF et du handicap. Pouvez-vous nous en dire 2 mots ?

J’ai rejoint le CA IDF il y a 37 ans. Au cours de ma carrière, j’ai effectué tous les métiers d’agence, travaillé au siège et en Direction Régionale… Je connais un peu la Maison. Depuis 10 ans, je suis moniteur en charge de la conquête. Quant au handicap, j’en connais également différentes facettes : au cours de ma carrière, j’ai évidemment travaillé avec des collègues en situation de handicap et ma fille est atteinte d’autisme.

Je suis ravi de partager mes différentes expériences et d’être référent handicap au sein de la Direction Régionale de Versailles. Je suis naturellement tourné vers les autres, je connais pas mal de monde au CA IDF. Tout cela peut aider à faire avancer le sujet.


Pour faire avancer le sujet, quels sont les points de blocage, selon vous ?

Je pense surtout qu’il y a encore pas mal de préjugés. J’entends encore trop souvent que « déclarer son handicap bloque son évolution au CA IDF » : dans la réalité ce n’est pas vraiment le cas ! Au contraire, déclarer son handicap permet d’être accompagné, d’améliorer ses conditions de travail et, in fine, de pouvoir plus facilement déployer ses compétences. J’entends aussi des collègues atteints de diabète refuser d’entendre parler du sujet ou même de faire connaître leur situation : mais en cas de crise, il vaut mieux que leurs collègues sachent quoi faire ! Les exemples de ce type sont légion. Les personnes handicapées ont des compétences ; nous avons les moyens de les aider à les déployer : osons parler du handicap ! Ce n’est que comme cela que nous pourrons faire avancer les choses.

Dans certains cas, le handicap est visible, mais dans 85 % des cas il est invisible. Cela n’empêche pas les personnes concernées d’avoir des besoins spécifiques auxquels leur manager, leurs collègues et/ou la Mission Handicap peuvent répondre. Mais s’ils ne nous en parlent pas, nous ne pouvons rien faire.
Vous évoquez le partage d’expériences : en quoi est-il important ?

Il est essentiel ! C’est en côtoyant des personnes handicapées que l’on découvre une infinité de solutions permettant de compenser les conséquences du handicap… mais aussi à adapter son comportement. Avec ma fille autiste, par exemple, j’écoute évidemment ce qu’elle me dit. J’ai également appris à faire particulièrement attention à ce qu’elle exprime à travers son corps, sa gestuelle, son regard…  C’est très riche d’enseignement. A ses côtés, j’ai aussi appris à être patient… et à ranger à la maison : si elle ne retrouve pas chaque objet à sa place, cela la met en détresse. Lorsque je visite certaines agences, je me dis souvent qu’avoir une personne autiste dans l’équipe pourrait s’avérer très utile !

C’est là un exemple, mais il y en a beaucoup d’autres : je fais attention à bien me placer en face de mes collègues malentendants pour leur parler, comme je sais aujourd’hui que des personnes non-voyantes peuvent parfaitement travailler sur écran grâce à des logiciels de synthèse vocale… J’évite aussi d’utiliser le rouge et le vert lorsque je prépare des schémas pour des collègues daltoniens. Les personnes atteintes de troubles cognitifs, mémoriels ou autistiques, par exemple, comprennent bien mieux les consignes exprimées sous formes de dessins simples que par écrit, par exemple. Tout cela, c’est de l’expérience que je suis heureux de transmettre… C’est aussi pour cela qu’il faut parler du sujet !

Il y a quelques années, nous avions invité certains salariés du CADIF à vivre quelques moments en situation de handicap et à découvrir les solutions que la Mission Handicap pouvait mettre en place. Cela a vraiment fait évoluer le regard des participants. Des années plus tard, certains m’en parlent encore.

Plus récemment, j’observais qu’une collègue avait du mal à monter les escaliers. Elle m’a expliqué qu’elle avait des problèmes de hanches. Elle ne voulait absolument pas déclarer son handicap, par peur « d’être mise sur la touche ». C’est en discutant ensemble, des avantages que cela lui procure en matière d’aménagement de ses conditions de travail, de jours d’absence rémunérée pour ses démarches administratives ou de titres CESU qu’elle a compris ce que le statut de travailleur handicapé pouvait lui apporter. Encore une fois, c’est en en parlant que le sujet avance.

Vous avez un message en particulier à faire passer ?

Les personnes handicapées sont des collaborateurs comme les autres. Notre rôle, en tant qu’employeur ou que manager est de leur donner les moyens de réussir, de les aider et de s’adapter à leurs besoins. Mon quotidien de moniteur me donne une place de choix au contact de nombreux collaborateurs… et l’opportunité de répondre à toutes leurs questions ! A moi de les mettre en confiance afin qu’ils osent me parler de leurs besoins spécifiques s’ils en ont. Au risque de me répéter : c’est en parlant que nous pouvons faire avancer le sujet.

au CA IDF, nous recrutons chaque année des personnes handicapées pour les former à nos métiers en alternance. Bien sûr, il ne faut pas généraliser mais, très souvent, les candidats sont particulièrement motivés. Je me souviens encore de l’entretien de recrutement de Susana. J’ai rencontré une jeune femme très motivée, volontaire, qui avait envie d’apprendre. Nous avons pris le temps de nous connaître. La Mission Handicap a mis en place les solutions lui permettant de compenser les conséquences de son handicap. Elle a un parcours incroyable.